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Environnement Mettre en avant les cobénéfices des démarches carbone

Alors que l’offre et la demande en crédits carbone ont du mal à se rencontrer sur le marché volontaire en France, les acteurs insistent sur les apports des réflexions sur les systèmes durables et le stockage du carbone pour la biodiversité, la quantité et la qualité de l’eau.

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« L’offre et la demande en crédits carbone ont du mal à se rencontrer sur le marché volontaire en France. » C’est le constat avancé par Elise Bourmeau, directrice cnseil de l’agriculture et de la bioéconomie au sein de Greenflex, lors d’un webinaire organisé par La France Agricole Factory le 31 mai 2022 sur la thématique de la décarbonation de l’agriculture.

 

Plusieurs raisons à ce constat : « D’abord parce que le label bas carbone (LBC) n’est né qu’en 2018, ensuite parce que les systèmes internationaux étaient antérieurs et qu’ils coûtent moins cher, développe Elise Bourmeau. Les crédits carbone à l’international coûtent entre 7 et 10 euros la tonne quand ils coûtent entre 30 et 100 euros la tonne en France avec le label bas carbone. Quand les entreprises ont beaucoup à compenser [leurs émissions de carbone], elles vont plutôt choisir, du fait des budgets, ce qui leur permet de compenser à moins cher. »

« Marketer » l’offre française

Pour elle, « l’aspect cobénéfices du label bas carbone n’a pas été assez mis en avant d’où cette idée [dans ces solutions] d’aller marketer l’offre française. » « Parce que mettre de la matière organique dans les sols est bon pour le climat, l’eau que ce soit en quantité et en qualité », poursuit-elle. Et d’estimer : « Les cobénéfices sont une spécificité que le label bas carbone peut embarquer à chaque fois qu’on le révise, qu’on réaménage les méthodes. Les agriculteurs ne doivent pas attendre pour se lancer, ils en retrouveront toujours un bénéfice pour la résilience de leur exploitation. »

 

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Fonds publics et privés

« Articuler des fonds publics et des fonds privés va être nécessaire pour permettre de massifier, juge-t-elle par ailleurs. Il est important que les politiques publiques se réemparent du financement que ce soit à travers des systèmes de fiscalité incitative, que ce soit à travers des systèmes qui vont inciter les entreprises voire les contraindre à avoir une stratégie bas carbone et à ce qu’elles s’engagent à contribuer carbone en Europe. »

 

Selon elle, « en s’associant et en nous parlant tous, même si on est parfois concurrent, on peut réussir à porter le modèle français. Pour cela, les Allemands le font très bien. Ce qu’ils ont fait sur la batterie électrique, il faut qu’on le fasse sur le carbone agricole. »

Encore peu d’agriculteurs engagés

« Près de 2 % des agriculteurs sont engagés aujourd’hui dans une démarche carbone quand on cumule tous les programmes, a de son côté chiffré Anaël Bibard, président de l’association Climate agriculture alliance, l’interprofession du carbone agricole. C’est peu, « les agriculteurs veulent savoir où ils vont », appuie-t-il.

 

« Peu d’agriculteurs sont effectivement engagés dans une démarche de labellisation, complète Katia Samson, conseillère en production végétale à la chambre d’agriculture de l’Oise. Mais c’est parce qu’ils n’ont pas forcément une réflexion sur le carbone. Tout le défi va être d’amener dans la pensée collective des agriculteurs que quand ils pensent à l’agronomie, aux systèmes de culture. En fait, tout cela est relié à des actions en lien avec la biodiversité, le carbone… C’est ce lien qui manque. Il y a peu d’informations, les organismes stockeurs, les chambres d’agriculture commencent juste à pouvoir relayer cette information. »

 

> À lire aussi : Crédits carbone : de nouvelles ambitions pour France Carbon Agri (09/05/2022)

 

Pour embarquer les agriculteurs et amener une dynamique, François Dufour, coordinateur filière et environnement régional chez Corteva Agriscience, estime qu’il ne faut pas « faire du carbone une fin en soi, mais il faut voir tous les cobénéfices que le changement de système de culture peut apporter dans sa globalité ».

Attentes sur la rémunération

« Le changement de pratiques va permettre d’augmenter le taux de matière organique, d’être plus résilient à l’avenir au niveau des aléas climatiques. Le carbone ensuite permettra une compensation financière. Il y a une attente des agriculteurs sur le prix de cette rémunération. Il faut que les choses se mettent en place, mais si on veut se lancer et aller assez vite, il faut avoir en tête ces cobénéfices, sur la biodiversité, l’amélioration de la structure du sol, la qualité de l’eau. »

Complexité administrative

François Dufour pointe toutefois l’aspect administratif sur l’interopérabilité des systèmes d’échanges de données « qui peut faire un peu peur au départ ». « La peur concerne la complexité administrative, d’avoir à répondre à des questions en plus », reconnaît aussi Anaël Bibard.

 

Mais Katia Samson estime qu’il ne faut pas attendre la réglementation pour se lancer. « On n’agit jamais bien sous la contrainte alors qu’il y a plein d’avantages agronomiques à se lancer dans des réflexions plus durables, sans forcément parler stockage de carbone. »

 

 

 

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